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Concordia Normandie-Maine !

L'actualité de la délégation Normandie-Maine de Concordia, association de volontariat et mobilité internationale.

Formation pédagogique en Normandie-Maine du 17 au 24 Juin 2012

Publié le 21 Septembre 2012 par Concordia Normandie-Maine

Témoignage d'une semaine particulière: la formation anim' vie de de groupe à Saint-Lézin.

 

Je ne m'étais pas fait de préjugés à propos de cette formation, parce que je n'avais aucune idée de ce qu'était une formation d'animateur. J'avais vaguement entendu parler du BAFA comme d'une formation longue, en pointillé, un peu comme si on passait le code... Fin rien de

très vrai et je savais que celle-ci ne ressemblerai pas au BAFA.

 

J'arrive donc à Saint Lézin le coeur léger, la curiosité piquée, avec la hâte de faire de nouvelle rencontre (un des trucs les "plus mieux" qui soit n'est-ce pas ?). Le lieu est super, je m'attendais à quelque chose de plus rustique, de plus roots, me voilà ravi. Hébergement 4 étoiles dans un domaine culturel charmant et accueil royal par les membres de l'association locale Un Pas de Côté.

 

Première impression : waaah mais je suis le petit jeunot ici - une première pour moi... - c'est génial ! Ambiance détendue, à la cool. Bref, tout cela sent très bon...

 

Ensuite, pendant les premiers jours, je découvre un groupe super, hétéroclite, un panel très large de caractères et de personnalités, des services civiques, des vieux de la vieille de l'animation, des néophytes comme moi... Des extravagants, des timides, des sages, des souriants, des comiques, un inventaire complet en somme. Le groupe est coulant, symbiotique presque. Lors d'un des modules de la formation, on nous parle du "storming", terme provenant de la théorie de la dynamique de groupe d'un certain M.Tuckmann. Le storming c'est l'étape de "friction du groupe" où les individualités vont se confronter, pour l'organisation de la vie quotidienne, pour la mise en place du planning, des priorités de visites et de budget, etc. C'est le moment les habitudes s'entrechoquent, où ça clash un peu quoi !

Ben là nan.

Nous on a grillé le storming monsieur Tuckmann. Nous on est fusionnel. C'est sûrement parce qu'on avait tous l'habitude de la vie en groupe, tous une petite expérience de chantier. M'enfin là c'était impressionnant, une sorte de respect partagé, un pragmatisme implicite, une tolérance due à l'ouverture d'esprit commune ? Un truc-machin hyper chouette que je n'avais jamais vu ailleurs et qui me manque déjà beaucoup. Merci à tous d'avoir été vous, vous avez été génial et l'êtes sûrement encore plus désormais.

 

La formation maintenant. Nos trois formateurs bien-aimés - our beloved instructooor - ont été merveilleux, professionnels, sérieux (presqu'un peu trop), instructif et drôôles ! Et puis ils m'ont fait goûter à l'éducation populaire. Mais qu'est-ce que l'éducation populaire ? Ce mot est sur toutes les lèvres alternatives, engagées, avant-gardistes... Je vais faire un tour sur Wikipédia et je reviens.... Alors... On me donne ça : "L'éducation populaire est un vaste courant de pensée qui cherche principalement à promouvoir en dehors des structures traditionnelles d'enseignement et des systèmes éducatifs institutionnels, une éducation visant l'amélioration du système social." Le problème c'est qu'ensuite on me donne ça : "Rechercher une définition unique de l'éducation populaire est probablement une chose vaine." ... SUPER, me v'là bien !

Bon comme ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, je vous en donne ma propre définition à travers cette semaine de formation Saint-Lézinienne - noise (? whatever).

L'éducation populaire, c'est le fait de s'asseoir dans l'herbe plutôt que sur une chaise dure et inconfortable et d'écouter une personne sage qui dit des choses intéressantes, pas soporifiques mais concrètes et qui ne nous demande pas de prendre de notes. L'éduc pop (pour les intimes) c'est aussi apprendre par le jeu, pas par le bourrage de crâne académique. Des jeux très bien pensés pour qu'en y jouant nous soyons amenés à réfléchir sur un sujet, sur un préjugé, un jugement de valeur bien ancrée en nous, une vérité trop rapidement admise, et cætera. Ici, appliquée à l'animation de groupe, nous étions en permanence en train de rejeter nos première impressions, nos habitudes égoïstes ou avides, nous apprenions à écouter l'autre, même celle ou celui qui ne parle pas fort (surtout lui en fait). Appliquée à l'engagement politique ou à l'éveil des consciences collectives, l'éduc pop pourrait faire beaucoup bien à des peuples enfermés par dépit dans leur nombrilisme consumériste (!!!)... mais ce n'est pas le sujet.

 

            Une autre chose importante à dire est l'efficacité de cette formation. Transformer en une semaine un Hugo survoltée, grande gueule et impatient moi je dis bravo. J'explique.

Nous les grandes gueules, on arrive quelque part et si on aime bien ce quelque part, on veut faire en sorte de l'aimer encore plus. On ne peut pas s'empêcher de fourrer notre nez dans la chaîne des évènements, on veut toujours faire entendre notre voix et notre façon de voir les choses. On pense trop souvent et trop vite avoir raison, pouvoir aller faire les choses plus vite, plus simplement. On ne pense pas que l'on marche sur les attentes et idées des autres, que l'on fatigue par son sur-dynamisme. Ce que l'on pense être de l'enthousiasme peut apparaître comme du zèle aux yeux des autres. On prend très vite une place énorme, étouffante dans le groupe, sans que les autres ne l'ai consenti. D'où un habituel storming vous vous souvenez ?

            Mais là non, non parce que la densité de la formation, la justesse des différents temps, avec des contenus et des expériences qui se suivent dans une logique implacable, mettent au pas tous ces instincts premiers, mettent à rude épreuves nos travers, mettent en place un dialogue entre le moi spontanée et le moi mesuré. Quelque chose qui permet une remise en question quasi-immédiate, assez déstabilisante il faut l'avouer. Mais ça marche du tonnerre. En trois jours, je mesurais mes prises de paroles, je prenais réellement en compte la dernière remarque évoquée dans ma réflexion, dans mon jugement. Et avec une curiosité nouvelle, je m'effaçais pour finalement écouter tout ce que les autres ont à dire. A la fin, je parlais en dernier pour dire que je n'avais plus rien à dire, que tout avait été dit. Quel changement ! Quel soulagement surtout.

Faire l'expérience d'un tel retournement de situation ne va pas sans saute d'humeur, aussi cela n'aura pas toujours été facile. Mais pour ça, le groupe (formateur bien sur compris) était là. Je m'étonnais d'entendre des "ça va Hugo ?", des "Wow t'as l'air crevé, tout va bien ?"... Quelque chose d'assez nouveau pour moi qui suis souvent dans la position de l'ainée, du plus expérimenté, etc.

Grosse formation pour moi, donc, vous l'aurez compris. Mais au vues de l'émotion qui jaillissait lors du débriefe collectif de fin de formation, je crois cela ne vaut pas que pour moi !

 

Bon, c'est mignon tout ça mais je n'oublie pas de vous dire qu'au-delà d'une forme nouvelle et déroutante d'apprentissage, le contenu de la formation a été transmis et je suis prêt à devenir animateur. Les grosses appréhensions et questions ou blocages sont élucidés, le module sur la gestion de conflit nous à apportés beaucoup de réponses (pas très nettes les réponses mais c'est fait exprès y parait), l'administratif est d'une légèreté déconcertante : merci Concordiaaaa ! L'enthousiasme est là, l'envie déborde ! A l'ABORDAGE !

 

Hugo Stéphan, 19 ans, animateur du chantier "les lavoirs lamballais" en Bretagne cet été.

 

                                                       Photo de groupe lors de la formation anim'

 

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